Avec le printemps voici revenu le temps des grands espaces, de cette folle envie de croquer du sentier. De ce simple plaisir d’enfiler ses « pompes » et de partir à l’aventure. Au fil de nos pas s’entremêlent des senteurs, s’entrechoquent les éléments, se dévoilent des couleurs, s’enchevêtrent des saveurs, se dessinent des formes minérales et végétales, et se créent des liens humains. La vie, comme la course nature, est faite de rencontres, parfois improbables, souvent étonnantes, toujours évidentes. Irrémédiablement, il en ressort une grande amitié, faite de solidarité et de partage.

C’est ce savant mélange de riches ingrédients, de valeurs morales qui aura rendu exceptionnel notre périple sur l’Aubrac !

AU…BRAC, deux syllabes qui parlent d’elles mêmes, la valeur ajoutée, 100% nature.Par la beauté de ses paysages, par la chaleur de l’accueil et le défi sportif que nous avions choisi. L’ultra-trans, 105km en relais, pour un quatuor de folie ! Deux grognards, Ricou et Cyrille, et deux gazelles, Bastien et le Lion.

Notre camp de base était établit sur St Genies d’Olt, grâce à un précieux travail de Cyrille. Hôtel et organisation dignes des grands champions, tout confort pour une bonne nuit de repos.

Samedi 12 Avril, 6h00, la tactique privilégie l’expérience de nos « grognards » pour préparer le terrain. Les gazelles dorment encore à l’hôtel. Ricou est le premier étage de la fusée « gens bons ». Depuis Bertholène, frontale vissée au front, il s’attaque au premier relais de 24km (515d+ et 719d-). Une performance « présidentielle », exemplaire de dépassement, il nous montre la voie, se battre pour les autres ! Il passe le relais à Cyrille en 6e position à St Côme d’Olt, avec un chrono d’enfer de 2h01.53. Le ton est donné, on ne lâchera rien. A son retour à l’hôtel il donne une envie folle au Lion et à Bastien, ils trépignent déjà !

Pendant ce temps Cyrille est au combat. Fidèle à sa réputation d’aventurier au long cours, il s’attaque au parcours le plus éprouvant. 32km (1576d+ et 966d-). A l’assaut des contreforts de l’Aubrac, il sait que le tempo sera dur à tenir. On lui fait confiance, il sera à la hauteur, ce n’est pas du genre à fuir devant l’adversité. Au final, il nous donnera une leçon encore plus grande. Car après une erreur d’aiguillage, 5km de plus dans les jambes et le moral atteint par la chaleur printanière, nous le retrouvons armé de courage et d’abnégation, là ou d’autres auraient jeter l’éponge ! 4h30 d’effort, il est touché, marqué, mais il avance encore pour les copains, solidaire jusqu’au bout, dur au mal, la marque des grands, nous sommes fiers d’un tel coéquipier !

De Laguiole, telle une lame affûtée, tranchante à souhait, Bastien s’élance le couteau entre les dents ! Nous sommes désormais 29e au général. Les gazelles n’ont qu’une idée en tête, la « remontade » ! Sur ce troisième relais, c’est la pureté des hauts plateaux de l’Aubrac qui s’offre à lui, pour 20km (700d+ et 360d-). C’est notre poulain, le « petit » de l’équipe, on le chouchoute bien, enfin, on lui hurle dessus ! Passage après passage, notre soutien est sans faille. Nos voix résonnent encore dans les entrailles de Brameloup. Car très rapidement sa performance s’annonce grandiose, sa foulée est superbe, il vole de burons en tourbières. Cerise sur l’aligot, il se ravitaille en trois étoiles chez la famille Bras ! Quel souvenir magique pour Bastien, qui finit 4e sur son relais, en 2h04.41. Bravo poulet !

Pour finir, motivé comme jamais, la bave aux lèvres, je m’autorise à conclure ce récit à la première personne… Et je voudrais là, vous faire partager une notion essentielle à mes yeux. Celle qui m’aura animée durant toute ma descente vers l’arrivée. Avec l’expérience, le temps qui file à toute allure, je sais que ces moments d’efforts, de dépassement, sont uniques. Il faut en profiter un maximum, tendre vers ce sentiment de plénitude et de liberté, prendre le plus de plaisir possible. Le PLAISIR, voilà bien là l’essentiel, l’essence même de la course en nature. Le plaisir, revient souvent dans le sport de haut niveau, mais c’est une sensation très délicate à appréhender. Moi, j’en suis un fervent serviteur. C’est le premier sentiment qui m’anime quand j’accroche mon dossard. Cette envie, se besoin de m’envoyer en l’air sur les chemins. Cet objectif est primordial, concret, l’élément majeur si plus loin on veut effleurer quelques idées de performances. Si tu ne t’éclates pas, tu ne peux pas envoyer toute ton énergie et donner le meilleur de toi même. Et là, depuis le sommet de l’Aubrac, sur ces 29km, sur cette descente de folie (1548 d-), j’ai tout donné pour mes copains, prenant mon pied sur chaque foulées bondissantes, sur chaque relances. Dans l’effort j’avais le sourire, j’étais heureux d’être là, tout simplement. Et naturellement, j’ai eu ce besoin d’aller puiser au plus profond, de tout tenter pour « croquer » un max de dossards. Et que dire du soutien apporté par l’équipe de choc, quelques frissons me reviennent au bout des doigts… La « machine » était en route, franchement je me sentais fort, un de mes plus beaux souvenirs, une grande fierté avec cette seconde place sur mon relais (2h29.25). Avec Bastien, nous terminons le travail de sape de nos aînés, 22 positions remontées, pour une superbe 7e place des « Gens bons »!

Inutile de vous dire que la véritable performance de Cyrille aurait valu un podium bien arrosé ! Peu importe, la visite des tavernes locales fut joyeuse et endiablée, la digestion de l’aligot plus facile. Un vrai bon moment d’amitié, une expérience savoureuse. Cette notion de relais, ce passage de témoin apporte un supplément d’âme à cette aventure collective. C’est acté, un pacte entre nous, avec un soupçon de revanche, le quatuor reviendra sur l’Aubrac !

Classement : relais_20inter

Sur la vidéo, au dernier plan course, un traileur bleu « désarticulé » s’envole…, quelle machine !