Semi et marathon d’Albi : le maximum syndical
« Mais non, Patrick, je t’assure, ne t’encombre pas avec ça : ils vont t’en donner des barres. Et aussi du pain d’épice, des figues, tout ce que tu veux. Mais si, ce coupe-vent, il te faut le quitter, ça te fait trois épaisseurs : d’abord, il cache ton dossard et surtout, ici on est dans les vallées, pas sur les puechs. » Mais à peine déguisés en sportifs, il est plus que temps – sinon ce sera au sprint – de rejoindre la ligne de départ. Et Patrick Durand conserve précieusement pour la route ses fameux bonbons au miel. Pour lui, la journée a commencé bien plus tôt, à l’étable. Les vaches sont « sadoulos » (repues). Maintenant, c’est à lui de jouer. Et avec un certain talent : 3h39’14″ à l’arrivée (181e sur 436 arrivants), soit un gain d’un quart d’heure sur son premier marathon, ici-même l’an passé. À l’arrivée, il reste stoïque (voir photo sur site « marathon d’Albi), égal à lui-même. De quoi le motiver pour penser à s’offrir les 100 km de Millau pour ses 60 ans, en 2015. Attention, ne le dites à personne, Patrick a un secret : les parissous. Ces galettes, épaisses, de blé noir (à Montfranc, directement du producteur au consommateur) qui sont un héritage du passé : lui il s’en grille une chaque jour,  au petit déjeuner. On le soupçonne même d’avoir élevé son fils au même régime : ce même dimanche 27 avril, Nicolas repasse à son domicile d’origine au retour du trail de Lodève, où il vient de signer un podium.
« Allez Dédé ! »  Bon là, dans les rues d’Albi, c’est Jean-Luc Rouquette, le président d’honneur du club de Lacaune, qui l’encourage. Plus loin, à Saint-Juéry : « Allez André ! » Une fois, deux fois, trois fois : des gens qu’il ne connaît pas. Il n’en faut pas plus pour qu’André Suc, Bossuc de son nom de scène, ne se prenne pour une vedette. Écoutons-le parler : « L’objectif était : quatre heures. Je suis parti un peu devant le meneur d’allure à 3h45mn. Mais ensuite, j’ai dû faire face à des délestages. Total : je suis passé au 21e en 1h59mn. Alerte rouge, plus une seconde à perdre : j’ai cravaché. Mais quand même, Cécile, la meneuse d’allure avec son truc en plume portant 4h00, m’a rattrapé vers le 38e. Pour ne pas sombrer : l’accrocher coûte que coûte, résister dans la côte du cimetière. Incontestablement, je lui dois mon résultat : 3h59’58″. Bref, en 1936, le Front populaire instaura la journée de huit heures. Et en 2014, Bossuc invente la journée de 4 heures. » Bien sûr, comme toutes les vedettes, Bossuc sera interviewé dans le sas d’arrivée par Philippe Aubert, nouveau directeur de ce marathon bien ficelé (et ancien animateur des courses de Murat, où il a laissé un bon souvenir). Malgré une moyenne modeste (10,5 km/h), même les photographes de la bande à Manu (Valls) tourneront ses flashs vers lui. Pour sa célérité, plus que sa célébrité. Mais là, il n’avait pas encore retiré son dossard où figurait numéro et prénom : c’était un peu plus haut et plus tôt, à la Croix-Blanche. Car, comme Bossuc s’écoutait déjà parler, il en avait oublié les fondamentaux. Et sans même le voir, il est tombé dans le panneau.
Si V2 et V3 ont produit une bonne prestation, la performance est signée par Bastien Amalric. Pauvre Bastien : avec cette manie de calculer les horaires au plus juste, nous ne lui avons pas donné la possibilité de s’échauffer. Il a pu juste s’étirer (les bras) dans la voiture du Bossuc (heureusement, c’était celle du dimanche). C’était son premier semi-marathon sur route, de plus dûment calibré. En toute simplicité, il a quand même laminé la concurrence de ses contemporains. Hormis l’un d’entre eux qui ne lui rend « que » 400 mètres, les autres sont loin, très loin. Premier junior donc, il boucle son semi en 1h34’02″, soit au 124e rang des 848 arrivants. Félicitations. Et bonne chance dans toutes les épreuves de ce printemps : sport et… bac.
Malgré ce dimanche pluvieux, la course, impeccable dans son déroulement, avait quand même drainé un certain public. Quant aux trois sociétaires du club d’athlétisme, ils se sont donnés à fond dans les rues d’Albi et la vallée du Tarn. À l’approche du 1er mai et de ses défilés, pas de calcul : ils ont fait le maximum syndical.