Il ne faut vraiment pas grand chose pour se rendre la vie plus heureuse…

Prenez une bonne bande de copains, un beau coin de France, une paire de basket et une grosse ration de partage, vous y êtes, l’aventure vous tend les bras !

Dès le vendredi, au départ de notre escapade, l’atmosphère est joyeuse, le chambrage est de rigueur.

Au café en chantier, les « machines » sont dans l’attente ( Ricou, le Lion, Fabien et Bastien), sereins, ils savent où ils vont. Mais cette année, ils sont mis au défi par un autre quatuor. Les « crabes » (Vincent, Guillaume, Yohan et Anthony) se font déjà remarquer, ils pincent d’entrée. Pas de contact avec l’adversaire, co-voiturage en solo, provocations routières, ça sent la poudre !

Mais autour de la bière tout s’apaise, d’autres coureurs de l’hôtel en mode « perrier-menthe » nous regardent bizarre…Petite collation de champions, et hop, direction le plumard.

Tout le monde affûte sa tactique, en chambres chaque équipes se séparent. Seule la « grâce » présidentielle autorise à Eric l’isolement préventif aux ronflements.

Samedi 3h45, réveil piquant. Gros petit déj pour Lion et Guillaume qui entament 4 heures d’attente. Eric et Vincent ne s’adressent plus la parole, on évite une générale dans le hall de l’hôtel… La tension est à son paroxysme !

Mais non, la bonne humeur est de rigueur, d’ailleurs on pète et on rote, tout le bon esprit des mecs en vadrouille. Par contre, il flotte dur, et les inquiétudes s’accentuent à l’approche de Bertholène.

6h00, ça sent bon l’aventure, on est en place, la tension monte. Dernier contrôle sécu pour Eric et Vincent. Les frontales scintillent, l’adrénaline nous pénétre. La ligne de départ s’embrase, la mélodie hérisse le poil, Aubrac nous voilà !

RELAIS 1 – Bertholène – St Côme d’Olt – 24 km – 700 d+

Dés le premier pointage, on comprend vite que Vincent n’a pas fait que du petit footing de préparation. Guillaume avouera alors les secrets d’un plan d’attaque établit avec « maître Cavailles ». Cela fait plusieurs mois que notre transporteur n’a qu’une chose en tête. Battre Ricou ! Du Ricou au petit déj, du Ricou en salade, du Ricou en gratin…et le dessert c’est aujourd’hui. Vincent est au dessus du lot, gaillard le gonze ! Pas un signe de défaillance sur cette distance qu’il découvre. Pour une première c’est une superbe performance. Nul doute qu’il aura pris goût à ce genre d’effort, il peut être fier de lui.

A son passage, Eric est moins fringuant qu’a l’habitude. Dure semaine au café en chantier, ça compte ! Et malgré sa grande expérience, l’écart des années est là, normal. Mais il n’en montre rien, pas une plainte, juste le plaisir d’être présent, toujours la « banane » ! Il s’arrache, il connaît son équipe, il faut limiter la casse…..

RELAIS 2 – St Côme d’Olt – Laguiole – 32 km – 1600 d+

A St Côme, après plusieurs essayages vestimentaires, Guillaume à déjà pris la poudre d’escampette !

Dans le duel Lacaunais, le chrono affiche huit minutes d’écart.

On sait tous que le gars du Thioys pourrait être le meilleur d’entre nous. Tant il est aérien sur les sentiers, bondissant au delà des obstacles, toujours le souffle léger.

Ce qui est admirable chez le « Yedd » c’est que la notion de plaisir prend tout son sens. Il ne déroge pas à cette ligne de conduite, il assume, et c’est là une grande valeur. Ainsi la prudence est de rigueur sur le plus gros morceau de la journée. D’abord pour savourer, discuter, observer. Et puis , il garde aussi le souvenir des crampes brassagaises. Avec ce petit matelas d’avance il peut voir venir.

« Je retrouve Guillaume au 9e km, j’ai une patate d’enfer, l’esprit de conquête m’anime. Mais ce supplément d’âme à jailli depuis St Côme. Quand j’ai vu arriver Eric s’arrachant, toutes ratiches dehors, surmontant la douleur. Et dans son regard j’ai senti tout l’esprit d’équipe.

Je suis parti comme un dingue, l’air de l’Aubrac me chatouille les naseaux. Je déboîte comme un fou en descente dans une épingle, allez Guillaume ! Enquille ! En bas c’est la jonction. On relance quelques « kilo » ensemble. On échange, on s’encourage, on s’apprécie. Mais l’esprit relais me rattrape, je dois filer vers eux. Aqui, c’est ma course ! Je donne tout, le final dans l’eau et le bourbier m’épuisera. Laguiole est là, on est troisième, Bastien me revigore, Fabien m’attend, grelottant je lui envoie « vas y mon petit, éclate toi ! »

Guillaume à tenu bon, fidèle à ses vertus, il s’est régalé et en plus il maintient son relais en belle position. Pour Yohann aussi c’est l’heure de s’éclater sur l’Aubrac…

RELAIS 3 – Laguiole – Aubrac – 21km – 900 d+

Sûrement le plus méritant de la journée, notre « kenyan blanc ». Un Yohann pas trop préparé, des doutes musculaires et une répugnance pour les sentiers. Mais que fait il là ! Et bien il voulait voir, car lui aussi aime cet esprit de camaraderie. Et il s’est dépouillé comme un fou sur la steppe aveyronnaise. Il a tout donné pour coller à Fabien, il aura sûrement apprécié le soutien des copains qui s égosillent à chaque passage. Grand bravo, car là haut le thermo n’affichait plus que 2°, le grésil faisant même son apparition. Yo termine au courage, belle leçon, on lui devra bien d’aller souffrir sur le bitume pour un 10 tout plat, tout sec. Ca nous fera les pieds !

Pour Fab, la cure de globules de plusieurs mois en altitude paraît bénéfique. Même avec un manque de distance dans les jambes, c’est la fraîcheur qui l’emporte. Sur son visage et dans son attitude. Et puis, l’excitation d’un possible podium commence à décupler les énergies. Toujours à la relance, jamais il n’a semblé faiblir. Il nous régale et nous transmet sa « niaque ». Ricou et le Lion donnent de la voix. Nos trajets croisent les copains, la chorale s’intensifie avec Vincent et Guillaume. L’Aubrac en tremble encore ! La petite compétition interne est déjà derrière nous, désormais plus de crabes, plus de machines, tout l’ACL fait bloc ! Bastien et Antho montent en pression, sur le sommet de la course ils sont prêts à prendre leur envol !

RELAIS 4 – Aubrac – St Côme d’Olt – 29km – 600 d+ et 1500 d-

Quel beau passage de relais entre les deux freros, un vrai moment de plaisir, je ne sais pas s’ils ont pris conscience de la richesse de l’instant…

Pendant que l’on se goinfre sur l’incroyable ravito gastro du buron d’Aubrac, Bastien cavale vers la gloire ! Quoi de plus beau de voir le jeunot conclure cette épopée. Nous sommes très fiers de lui, car très tôt dans l’après-midi, avec Eric nous avions senti l’anxiété l’envahir. Et bien, même pas peur, les épaules sont solides ! Pourtant derrière il y avait des clients, mais Bastien à fait preuve d’une grande maturité. Même l’absence de ses équipiers aux premiers pointages ne l’aura pas perturbé. Belle gestion de course, belle expérience qui devra servir au delà du simple aspect sportif. Le dépassement, la confiance en soi, la force de vaincre, ça te forge un homme !

Pas le temps de se garer à l’arrivée, il est déjà là notre Bastien, à la relance ! On se serre autour de lui pour finir les derniers mètres, peu de mots, mais pas mal d’émotions. On s’empoigne, on s’embrasse, on savoure.

Moment suspendu. On l’a fait ! C’est le pied ! On y tourner autour depuis deux éditions, nous voilà sur le podium.

Sur cette Trans’Aubrac, plus on descend vers St Côme, et plus chaque foulées prend la forme d’un exploit, ce sentiment de plénitude d’accomplir l’aventure !

C’est certainement ce qui aura porté Antho pour son premier grand périple. Lui le « grand ». Voilà qu’on le projette dans la descente. Pas un cadeau pour les appuis ! Il s’est fait mal, il à puisé dans ses ressources. Dans le final, plus de jambes, mais les copains sont là, toujours les copains. Quand la tête prend le pas sur la douleur, voilà ce que nous apporte Anthony pour clôturer cette incroyable journée. Lui aussi peut être habité d’une grande fierté, il maintient son équipe dans le top 10. D’ailleurs, son sourire pour la haie d’honneur lacaunaise en disait long sur son bonheur de l’avoir fait !

Désormais la soirée nous appartient….déjà d’autres projets, toujours plus fort, toujours plus haut.

Wilde disait bien « il faut toujours viser la lune car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles »

Mais dites moi les gars, est ce que vous l’avez eu ce sentiment, cette sensation d’être heureux,

ce frisson d’Aubrac !?…