Les Vidals, ce dimanche 4 septembre au matin. Quatre vaches privées provisoirement de grand air assistent, médusées, à un spectacle hors normes : plus de 300 coureurs traversent leur stabulation. Pour se diriger vers la seule sortie obstruée ! Et franchir ces balles de paille rangées sur deux niveaux. Passe encore pour les premiers, sveltes et lestes. Mais ensuite, pour franchir le premier étage, les bipèdes deviennent quadrupèdes. Cependant rien à voir avec Jappeloup, ou autre pur-sang. Puis, après s’être hissés tant bien que mal sur le sommet, ils tentent de retomber sans casse sur la plancher… des vaches. Des humains qui, malgré tant d’hésitations, s’autoproclament « athlètes ».

En tout cas, ce qu’ils font, aucune bête ne le ferait : déjà, avoir sillonné, en long en large et en hauteur la charcuterie de Tonton Philippe (Rascol), sans avoir le droit de planter les crocs dans le moindre jambon. Puis prendre la poudre d’escampette vers les sommets, en de multiples sinuosités, caillouteuses ou racineuses à souhait. Et aux pentes escarpées succèdent les descentes vertigineuses. Sans répit aucun. Comme si les traceurs Cyrille Jacquemin et Éric Cambon ignoraient tout des bases de la géométrie : « la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre ». Puisqu’il se dit que l’on traverse des paysages fabuleux, encore un supplice de Tantale : ne pas lever les yeux, sous peine de subir la fuite lente et inexorable du temps. Seule clémence dans ce rude univers : le dernier kilomètre. Qu’elle est douce cette voie du Petit Train, submergée par les graminées depuis plus d’un demi-siècle.
L’épreuve passée, vint le temps des duos. Sur scène, les animateurs Stéphane Tailhades et Patrick Fonvieille relayaient la volonté des organisateurs Éric Cambon et Jean Rascol. Tandis que les adjoints municipaux Christian Bardy et Jérôme Bousquet récompensaient à tour de bras les lauréats massés à deux (un homme, une femme) sur la même marche du podium. Une promiscuité bien naturelle pour Maxime Durand et Juliette Boussou. Sur le 25 km, ils n’ont pas fait dans la dentelle : elle, s’offrant une 14e place au scratch sur 160 arrivants ; lui, reléguant à 12 minutes le galopin (de Guyenne) Simon Iung et à plus d’un quart d’heure le prometteur espoir Loïc Jacob. Un peu plus fréquenté car inscrit au challenge du Parc du Haut-Languedoc, le trail de 12 km a vu la victoire d’Abel Jorissen et de Sandrine Gautier. Quant à la nouvelle « Bougnette » (6 km), son palmarès est inauguré par le local Yohann Girabancas. Et, côté féminin, par la minime Éva Nègre (excellente 4e sur un peloton de 32), tandis que ses contemporains Hugo Juré et Anthony Dirinaldo auraient bien doublé la mise.
Si les parcours étaient salés, la suite ne le fut pas moins avec, selon les catégories, une abondante dotation en salaisons. « Charcu’trail », c’est le nom de l’épreuve : cette appellation semblait toute indiquée au repas d’après course. Et même au-delà, puisque chacun des 400 participants (marcheurs inclus) repartit dans son quotidien en emportant avec lui un souvenir du même goût.