Samedi soir 20 septembre : Yannick a faim. De victoire peut-être. Mais surtout de nourriture. Comment résister à la tentation ? Ben, en y cédant ! Funeste idée. Plus tard, lui reviennent les conseils du docteur Alain Valette : « Bois, bois tant que tu veux, bois tant que tu peux avant les courses. Mais surtout ne te goinfre pas. Essaie de respecter : pas d’alimentation lourde dans un délai de trois heures avant le départ. » Yannick n’a pas écouté celui qui, de source bien informée, ne sera bientôt plus seul dans la galaxie lacaunaise à exercer l’art d’Hippocrite. Puis le jeune peintre est parti tambour battant, émargeant à la troisième place dès les premiers hectomètres. Avant de renoncer vers la fin du premier des deux tours.

Même s’il s’en défend (« Pfff…12 km, qu’est-ce-que c’est ? Le tour du pâté de maison »), Cyrille (Jacquemin), spécialiste des trails longue distance et chauffeur de taxi pour l’occasion, avait les dents qui rayaient le parquet. Ou plutôt avaient attaqué la garniture du tableau de bord. « Mais non, ce sont des longueurs en ferraille que j’avais transportées et mal enveloppées. Quand je suis dans les Pyrénées, je bricole pour la maison de ma belle-mère. Hum… au fait, elle ne me les a pas payées. » Main d’œuvre gracieuse et fournitures gratuites : l’on en conclut que Cyrille est « équipé » d’une belle-maman idéale. Reste à savoir si la réciproque est vraie. Cyrille a donc daigné s’aligner à cette course de 12 km. Sans ambition et sans enthousiasme, et son résultat s’en ressent.

Deux qui en auraient de l’enthousiasme, ce sont Jeannot (Rascol) et le Bossuc. Et de la gnaque aussi. Mais voilà, ce sont des vétérans, et leurs crocs sont passablement élimés, peut-être même importés. Les trésoriers actuel et ancien ont nettement payé de leur personne. Mais n’ont pu réaliser des performances de bonne facture. Il est vrai qu’ils avaient tous les deux une compétition le dimanche d’avant : à Piau-Engaly (Pyrénées) pour Jeannot, et la grande épreuve de Murat-sur-Vèbre pour le Bossuc. À ces âges-là, le temps de récupération est plus long. Gardons donc en mémoire, plus que leur modeste résultat, leur lourd engagement.

« Le Vintrou. Il faut passer par le Vintrou. On tombe juste à St-Baudille, sur la Mjc. » Éric (Cambon) est formel. Le Vintrou : Cyrille Jacquemin, Icaunais de naissance, n’a jamais entendu parler de ce trou, le Vintrou. Et sur plateau d’Anglès, tellement désertique qu’il en atteint une sorte de sublimation, toutes les routes, tous les virages, tous les bois, tous les arbres, se ressemblent. Mais il écoute religieusement son président. Avec un zèle inattendu, il l’encense même : « Mon président est formidable. Non seulement, il connaît toutes les préfectures des départements, mais aussi les sous-préfectures. Et même le nom des habitants de Béziers ou d’Épinal. » Et, l’on se demande bien pourquoi en ricanant, il ajoute : « Et aussi ceux de Notre-Dame de Bellecombe, dans les Alpes. » Total : pour aller de Brassac au Bez, ce convoi d’athlètes est allé tourner après le stade de rugby. Il eût été si aisé de monter dès le rond-point de la Marquise. Il est vrai que Cyrille et Éric sont les traceurs en chef du trail de Lacaune. Et nous avions signalé en d’autres temps que pour aller d’un point à un autre, ces gens-là n’avaient aucune notion de la ligne droite. Quant au résultat d’Éric, ne soyons pas (d)étroits d’esprit : l’Athlétic-club lacaunais a un boss fort… comme un Turc. C’est encore lui qui sauve la patrie : 3e vétéran 2. Plus heureux qu’un cadet, lorsqu’il fut invité sur le podium par l’organisateur Dominique Thépin, il rit aux anges, dévoilant ainsi ses dents de jeune loup.

Sur le chemin du retour (direct !), le président lâcha : « Eh bien, la saison sur route se termine. Les cross vont commencer. Vous savez que ça donne la pêche : faudrait qu’on en fasse quelques-uns. » Taiseux en général, Le Bossuc, vétéran de mai 68, ne put s’empêcher de rouméguer : « Ah vous, les patrons, vous êtes tous les mêmes : plus on vous en fait, plus vous nous en demandez ! »

Résultats

1 Nicolas Jalabert, les 12km en 48’41.

14 Éric Cambon à 7’33. 19. Cyrille Jacquemin à 8’32. 34.Jean Rascol à 15’14.  47.André Suc à 18’35. (78 arrivants)

 

Quelques photos de mauvaises qualités