Trail du Ségala

Nous voici, en ce premier dimanche de novembre, dans le nord du département, à Valdéries: village accueil du Trail du Ségala.

Situé sur un plateau, à une quinzaine de kilomètres de la préfecture du Tarn, c’est un territoire oû le veau fait la réputation des éleveurs du secteur. Mais aujourd’hui ceux sont les trailers qui vont pâturer. Place donc aux bipèdes qui vont s’élancer pour une mini transhumance matinale avec retour à la « stabulation » après quelques heures.

L’ organisation a prévu, fonction des aptitudes de chacun, de scinder le cheptel en trois troupeaux qui s’élanceront pour 5,5 -15 ou 30 km…

En ce qui concerne la délégation lacaunaise (célèbre elle, pour sa race ovine); on va retrouver le président et le trésorier du GAEC (Groupement Athlètes Estampillés Charcutrailers)  Ricou et Janot (les plus endurants) sur le 30km et Hugo et Marco (plus tendre) sur le 15km.

Parqué sur la route de Réquista (fermée à l’occasion), le départ du premier troupeau (30km) a lieu à 08h30 suivi une heure aprés par la horde du 15km.Le convoi étant encadré par des motos (KTM) qui ouvrent à travers champs, bosquets, prairies…salué par des bovins qui s’ interrogent sur la fougue et l’ empressement à suivre un leader…sans cloche …!!!!

A l’arrivée, levée de la patte pour la remise de la puce et direction l’ abreuvoir pour réhydratation…jus de fruit-coca-eau…Et pour Ricou et Janot destination le râtelier pour déguster un sauté de dinde et chou à la crème succulent aux dires du président….

 

RÉSULTATS

30KM  63 Inscrits   62 Classés

 

1  MAUREL  Sylvain 1SEM  2H13’04 »

32 CAMBON Eric      6V2M  2H53’14″ »

42 RASCOL  Jean     3V3M  3H00’50 »

 

15KM   274 Inscrits  256 Classés

 

1 DELBES  Clément  1ESM   1h01’00 »

38 FABRE  Hugo       4ESM   1H22’10 »

95 FABRE  Marc        3V3M   1H31’05″ »

Diagonale des fous 2018

Diagonale des fous 2018

Jeudi 18 octobre 22h , après 2 heures d’attente , c’est l’heure du départ. L’émotion est présente ( submergés par l’émotion, deux coureurs victimes de malaise ne prendront même pas le départ ) avec une ambiance de folie. Danses ,musiques et feux d’artifice ,tout est présent pour un départ inoubliable. Le public crie votre prénom lors de votre passage ,c’est énorme, ça donne des ailes mais pas trop quand même car il reste du chemin. Saint Pierre-Domaine Vidot 15km 660 d+ : une alternance de route et champs de canne à sucre ,ça monte gentiment et tout va bien . Sortie du  ravitaillement, la fraîcheur est déjà présente . Je me couvre avant d’avoir froid car je sais que le traditionnel bouchon arrive .Bingo !500 m plus loin ,il est là …1h en file indienne à supporter les flatulences des uns et des autres !! Va s’en suivre une longue montée ,entre forêts et pâturages,jusqu’au 40 ème km .Le jour se lève et nous offre de magnifiques paysages . Je vais pouvoir enfin attaquer la descente sur Mare à Boue . Je trouve un bon rythme sur un monotrace très étroit…tellement étroit que mon genou gauche est stoppé net par un rocher caché par de l’herbe…chute, entaille et très grosse douleur sur la rotule.Putain ,fait chier ! Je me pose 5 minutes , les premières foulées sont douloureuses mais ça repart . Je ne suis plus très concentré et 15 minutes plus tard je me tord la cheville gauche . Re fait chier , c’est la poisse ! Même scénario et je repars jusqu’à Mare à Boue. Je m’arrête direction l’infirmerie pour nettoyer cette plaie et faire un strap . Pour la plaie, ok rien de grave . Pour la cheville, c’est un peu plus compliqué. Un œdème s’est formé et le docteur n’est pas chaud pour me laisser continuer . Pas question, il n’est pas fou lui ..je vais pas arrêter au bout de 50km  !!! Après une heure d’attente  ,j’obtiens gain de cause et un joli strap. Comme j’ai encore de l’avance ,je décide de profiter  des lits de camps à disposition pour m’allonger une bonne heure. Je vais réussir à  dormir un bon 1/4 d’heure . Je repars frais comme un gardon vers le Coteau Kerveguen . Mare à Boue, ça porte vraiment bien son nom! Après une longue montée de 700 M d+ , je peux amorcer la terrible descente sur Cilaos….descente qui sera terrible d’ennui suite à un bouchon créé par un coureur refusant de laisser passer les autres . 14h , j’arrive enfin à Cilaos. Changement de vêtements, petit repas et je repars pour affronter le Col du Taïbit et ses innombrables marches. Il porte bien son nom lui aussi …arrêt obligatoire au sommet pour soulager mon entrejambe avec un peu de crème. Je pense déjà à la douche d’après course qui s’annonce douloureuse .Bref , je rentre dans Mafate  pour rejoindre Marla . Arrivée au ravito ,la deuxième nuit tombe … je me couvre ,je change les piles de la frontale et go.  Il est temps d’allumer  la frontale  ! Putain, c’est pas vrai !! Elle ne fonctionne plus !! Un coureur s’arrête, on change et rechange les piles ..rien à faire . Heureusement, il finit par me proposer sa frontale de secours ! Ouf !Merci Armand! La suite de la nuit sera très longue , mes genoux sont au supplice. Je n’arrive plus à courir . Je vais dormir un petit 1/4 heure, sur le bord d’un sentier ,pour oublier un peu la douleur .Puis direction Grand Place où j’arrive à 5h . Direction l’infirmerie, je ressors avec un strap à chaque genou…une vraie momie…verdict tendinite rotulienne. Pas grave ,c’est parti pour 1900m d’ascension et le sommet du Maïdo . Une ascension qui va très bien se passer , mes genoux me font beaucoup moins souffrir en montée. Une arrivée au sommet digne du tour de France, une ambiance qui motive pour la suite . Bon ,il reste encore 55km mais je sais ,sauf grosse défaillance, que je vais aller au bout .17h30 ,après 17km de descente ,je rejoins Sans Souci . J’attaque la troisième nuit .Première partie de nuit avec une portion jusqu’à La Possession qui me paraîtra interminable. C’est maintenant l’heure du chemin  des anglais jusqu’à La Grande Chaloupe. Je le savais , des kilomètres de pavés irréguliers où l’on a du mal à trouver l’équilibre . Ça  monte, ça  descend et ça demande surtout beaucoup de concentration. 5h30..151 km…Grande Chaloupe ,ça  sent bon la fin. Il ne reste plus que  13km 700m de d+ et 4,5km de descente sur La Redoute. Montée  jusqu’à  Colorado qui se passe plutôt bien malgré  un terrain gras . Dernier  pointage , je décide de courir cette dernière descente . J’arrive à trouver un bon rythme malheureusement freiner par une grosse averse en milieu de descente. Le terrain est trop glissant ,je suis obligé de ralentir. C’est pas le moment de se faire mal. Un peu plus bas le terrain est de nouveau praticable, j’entends la sono de La Redoute et je me remets à  courir. Le sourire aux lèvres, j’oublie toutes mes douleurs. Le moment tant rêvé  arrive , l’entrée sur le stade de La Redoute . J’appelle Sandrine qui m’a soutenu par téléphone tout au long de ses trois jours et je profite un maximum de ses derniers mètres de pur bonheur. Après 168.5km et 9600m de d+,je passe l’arche d’arrivée en 61h19min49s . Je récupère ma médaille, mon tee-shirt et pour la première fois de ma vie ,je vais verser une larme . Je suis finisher de La diagonale des fous .Merci à  ma femme, mes enfants, ma famille, mes amis et tout ceux qui m’ont soutenu. Fier d’avoir représenté le club et mon entreprise qui m’a sponsorisé. Je me douche , je mange, je retrouve Armand pour lui rendre sa frontale, je trouve un bienfaiteur pour me ramener à  100km  de là et je m’endors paisiblement sur le stade de La Redoute. Merci à tous!

Manu et son marathon de TOULOUSE 2018

 Mon marathon de TOULOUSE 2018

Entre le semi-marathon de TOULOUSE (cf. article précédent) et le marathon de TOULOUSE, il y avait l’EKIDEN d’ALBI. Mais voilà, ma première blessure musculaire a fait son apparition. Élongation et petite déchirure au mollet droit. A l’entraînement, une douleur arrive. Je m’arrête aussitôt et là impossible de courir. Gêne pour marcher…Pas le choix. Toubib ! Direction le médecin qui me prescrit cachets, pommade… et une visite chez le kiné ! Le tout à un peu plus d’un mois du départ du marathon.

Soins et encore soins et repos. Repos, soins et encore soins. Puis arrive le premier test. Une séance de vélo d’appartement sans résistance durant dix minutes. Aucune douleur. Repos trois jours, soins et un nouveau test le dimanche (8 jours avant le marathon) en trottinant. Le test n’est pas concluant du tout. La douleur arrive après à peine trois cent mètres de course. Le moral chute violemment.

Soins et encore soins. Jeudi, nouveau test de trois fois 5 mn en trottinant. Et là… çà tient. Pas de douleur, pas de supers sensations dans le corps. Le lendemain nouvelle séance de soins et nouveau test de 20 mn à allure supérieure à celle du marathon afin de prendre une décision. J’avais prévu au début du plan d’entraînement de faire 3h50… un peu moins de 11km/h. Le test se fera à 12km/h. Et çà tient. On se lance donc sur l’aventure du marathon de Toulouse.

Plus d’objectif chronométrique bien sûr. Je sais que le mois manquant d’entraînement sera un super handicap pour la performance.

Mon marathon de TOULOUSE 2018

Mais quel plaisir de retrouver les rues de Toulouse et de faire connaître le combat des enfants et d’Imagine For Margo !

Deux collègues prendront le départ du semi-marathon avant moi et du coup, cela me fait passer le temps. On pense à autre chose. Leur départ est décalé de 20 mn… le mien aussi forcément.

Ils sont lancés dans les rues et je prends place à mon tour dans le sas. Mon épouse est présente avec moi. Nous savons tous les deux que rien n’est sûr pour ce marathon pour moi. Il est hors de question de jouer avec ma santé. A la moindre douleur au mollet je m’arrête. Je me sens pas prêt bien sûr, je sais que cela risque de devenir dur rapidement mais je suis pas super stressé. Pourquoi faire ? Cela changerait rien. On tente et on prend du plaisir. Après il y aura d’autres courses.Mon marathon de TOULOUSE 2018L’échauffement a été calme et pas de douleur au mollet. Cela peut le faire. Je tiens la main de mon épouse tandis que le speaker se prépare à lancer les élites sur le parcours.

Ils sont chaleureusement applaudis. Faut dire que le départ a été déplacé par rapport aux autres années et la population est présente. Puis dans une rue moins étroite l’ambiance est de suite plus bruyante.

Bisous, check pour les enfants malades et direction la ligne de départ pour moi. L’ambiance est géniale.

Mon marathon de TOULOUSE 2018

Vu mon dossard, qui est fait par rapport à l’objectif chrono prévu à l’inscription, je suis devant la voile des 4 h. Je sais que je serais rattrapé et doublé par ces coureurs, mais aussi par celle des 4h15. La ligne est là et c’est parti. La montre chrono est lancée ainsi que l’application running. Mon épouse part dans les méandres du métro pour me trouver sur le parcours. Elle prendra pas de photo cette année. Elle sera plus dans l’assistance technique voir médicale. Le sac qu’elle porte est rempli de ravitaillements en tous genres, de médicaments et de la bombe de froid si besoin. Il est prévu qu’à chaque fois que je la verrais, je fais une petite halte pour dire comment cela va, prendre ce que j’ai besoin et repartir.

Les premières minutes sont géniales. Les gens encouragent. L’étroitesse de certaines rues font résonner ces applaudissements tout ce qu’il faut aux 2500 candidats au marathon de Toulouse. Je suis aux aguets. J’épie chaque muscle de mon corps. J’ai couru moins de 7 km en un mois mais pour le moment tout répond bien. Je suis même à l’allure prévue sur le plan d’entraînement marathon. Cela tiendra pas. Dans ma tête, je sais que cela ne pourra pas tenir, même si il y a une petite partie de ma tête qui y croit. Ou du moins l’espère. Nous partons avec un 15 degrés, du brouillard et bruine sans vent.

Avant le départ, je m’étais dit « au douzième kilomètre, j’aurais une idée ». J’y arrive. Et c’est là aussi où mon épouse se trouve. Je regarde partout. Je la cherche du regard. Elle me voit de loin et de suite elle me met le pouce en l’air du style « çà va ? ». Je lui réponds de suite par le même geste. Ça tient ! Je ne m’arrête pas. Je lui dis au passage que tout va bien. Prochain rendez-vous ce sera au 18ème.

La vitesse est constante et je me sens bien. Même si je m’épuise à savoir si tout va bien dans le mollet. J’entends des encouragements via l’application et comme d’habitude je sais que je ne suis pas seul.

16ème km : une pointe se fait sentir au mollet. Wouah, ahhh non mad. 16Km c’est trop loin de l’arrivée. Je ralentis de suite. Je passe sous les 10km/h. Il faut voir si cela tient. La douleur passe en gêne en quelques secondes et après quelques centaines de mètres, elle s’efface. Je respire mieux mais l’avertissement sans frais reste ancré dans ma tête. À 26km de l’arrivée, je ne peux qu’abandonner si cela devient plus violent.

18ème km, je vois mon épouse et même geste. Je prends juste un gel et je repars. Le semi va arriver avec son ravitaillement. Cela va faire du bien. C’est à ce moment là que la voile des 4h00 me double. Je ne suis plus à son allure depuis trois ou quatre kilomètres, je ne peux que la voir partir devant moi. 2H03 au semi, j’aurais signé avant le départ.

Je sais par contre que je suis trop rapide. Cela ne pourra pas tenir alors je m’économise et je baisse encore ma vitesse. Pas d’un coup, mais progressivement.

La pointe au 16ème me fait être aussi plus prudent. Je ne grimpe pas sur les trottoirs, je reste là où la route est la plus « plate » et sans dévers. Je me fatigue à me concentrer sur cela pour économiser mes forces et mes « petits » muscles.

Surtout que je ne verrais mon épouse qu’au 32ème maintenant. Faut aussi que je tienne jusque là. Je sais que là tout sera possible si le mollet tient jusque là. A voir. Je le dis à mon voisin à ce moment là. J’aimerais être plus vieux de 15 kilomètres. Il me répond que lui aussi voir même 20. Petits sourires échangés.Mon marathon de TOULOUSE 201830ème kilomètre. Le mur pour certains. Cette panne totale de force qui arrive sur un marathon entre les 28 et 42ème km. Je ne l’aurais pas, j’en suis certain. Non seulement je me suis bien ravitaillé mais en plus l’entraînement de fond doit faire son effet même si un mois manque. Je ne fais pas de bile sur ce sujet. Je suis toujours à l’écoute de mon corps. Même si je sens la fatigue arriver, rapidement, la tête et le corps vont bien.

Ravitaillement ! Y a de tout ! Fruits, eau, eau gazeuse, sucre, gâteaux… un paradis pour les gourmets du quatre heures. Je n’ai jamais autant bu sur un marathon. Eau et eau gazeuse au programme, orange et banane, un sucre et je repars. La chaleur prévue par la météo ne viendra jamais. Cool. cool

Et arrive le coup de mou. 32ème km. La fatigue arrive. Normal ! Je pensais qu’elle viendrait bien avant sans vous mentir. Mais cela ne joue pas sur mon moral. Pas grave. Y a encore quelques jours je ne pouvais pas courir ni faire ce marathon. Maintenant je sais, que sans douleur au mollet, je terminerais en rampant s’il le faut. Je me mets à marcher pour soulager les jambes.

Pas de chance, cela arrive quand mon épouse est là. Juste devant à quelques centaines de mètres. Je lui fais signe que cela va. Juste de la fatigue. Je m’arrête à ses côtés. Ravitaillement, comprimé contre les crampes. Un monsieur à côté de nous me demande quelle est la distance que j’ai couru depuis le départ, je lui réponds avec le sourire : « 32 et demi ». « Vous en êtes à la moitié ? ». « Ah non, m’en reste que 10 maintenant. Juste 10 km ». « Juste 10 ? Pfff je pourrais pas moi ». L’échange est sympa. Je m’attendais pas à pouvoir parler avec des gens comme cela sur un marathon. Je repars tranquille en disant à mon épouse de tabler sur 04h30 et même un peu plus pour mon arrivée. Je la verrais encore deux fois.

La fatigue est bien présente mais j’arrive à trottiner tranquillement. La voile des 04h15 me dépose avant le 33ème kilomètre. Je n’essaye pas de m’accrocher. Pas la peine, je suis trop loin et je ne tiendrais pas.

35km une douleur se fait sentir à la cheville. La malléole est en feu. Tiens donc ?!? arfNouveau çà ! Pas de soucis madame est là. Un coup de bombe de froid sur la cheville et le mollet. Qui peut le plus…. Et puis cela fait du bien au moral.

38ème, plus que 4, fin du ravito et je fais signe à mon épouse pour la bombe. La cheville a toujours ce problème qui m’handicape pas mal. Je marche pour la soulager. Je dois le faire pour finir les deux derniers kilomètres sans m’arrêter. La douleur de la cheville s’efface un peu. Au moment où je vais pour repartir, mon téléphone sonne.

Le président de mon club : l’ACL. Il me demande mon temps. Je lui réponds en rigolant que je lui dirais cela dans 2 km et quelques car j’ai pas fini. Je lui explique que le départ a été décalé et que je finis tranquillement sans douleur. Lorsque je lui dis cela des bénévoles me regardent avec des gros yeux. « Il faut y aller et pas téléphoner ! Allez allez ! ». Je les regarde en souriant et je leur dis « j’en ai marre ! J’appelle un BLA-BLA CAR ! » cela les fait sourire et mon président me demande pourquoi je veux un Bla-bla car. Pas facile de courir en rigolant et avec la fatigue !

Je raccroche en promettant de l’appeler à l’arrivée et je repars.

Ces 4 ou 5 mn m’ont fait un bien fou. J’avais prévu de courir les 2 derniers kilomètres sans m’arrêter et bien ce sera les 3 derniers et demi !

Les gens encouragent. Crient, applaudissent. yesJe n’ai jamais vu autant de monde et d’ambiance sur le marathon de Toulouse. Je suis dans des petites rues. Il reste moins de 2 km. Une jeune femme est devant moi à quelques mètres. De ce que l’on voit, y a personne devant elle, personne juste derrière moi. Je me dis que si je la double on finira ensemble. Les bénévoles l’encouragent et semblent étonnés qu’elle tienne. Allez faut la rattraper Manu. J’arrive à quelques mètres d’elle et je la vois dépasser un homme qui marche. Il boîte, il se tient le dos et est penché sur le côté. En arrivant à sa hauteur, je le prends par le bras et je place ma main sous son aisselle. J’oublie la jeune fille. Je dis à cet homme « on va terminer ensemble, tous les deux, accroche toi ». Je trottine et lui marche vite. Il ne dit pas un mot. Il a mal et je pense que le mur est bien présent.

Cela a un effet immédiat sur moi. Je ne ressens plus aucune fatigue. Je suis bien. Je me sens fort. Pas frais mais assez fort pour terminer avec lui. Et puis cela a le don de rendre le public fou. On reçoit des encouragements comme jamais. Vu que nos noms sont marqués sur les dossards, j’apprends que mon compagnon s’appelle Stéphane ! Je lui parle, j’encourage. Je hurle sur les gens pour qu’ils l’aident, l’applaudissent : « allez Toulouse, il a besoin de toi ! ». On entre dans la dernière ligne droite. Un kilomètre. « Allez Steph, une borne ! C’est la fin ».

Les gens hurlent, applaudissent. C’est dingue. Il tient le coup, on va finir. A environ cinq mètre un jeune garçon arrive vers nous. « Allez papa ! ». Je lui dis que maintenant il faut tenir, son fiston est là. La sécurité ne dit rien quand nous arrivons tous les trois sur le tapis rose du dernier cent mètres.

Les bénévoles nous regardent et j’entends « allez Manu le lâche pas ». Oh punaise non c’est pas prévu. Le speaker officiel de la course que j’entends vaguement dit un truc du genre qu’on va finir tous les deux et que Manu aide Stéphane. Allez 100m !

Stéphane s’écroule littéralement. Je n’arrive pas à le tenir. Il se retrouve au sol. Je lui tends la main : « allez pas maintenant, on doit passer la ligne. Allez ! ». Je cries pour qu’il m’entende. Les gens l’encouragent tellement. Sur le moment, je ne fais pas attention à çà. Je n’arrive pas à le relever même s’il fait l’effort. Je demande à son fils de m’aider. Un bénévole arrive mais on n’aura pas besoin de lui. Je mets ma tête sous son épaule et « maintenant on s’arrête plus on y va ». A quelques mètres de la ligne, je lui dis « tu passes la ligne seul. Je te porterais pas, tu la passes seul Stef ! » Je sens juste dans son regard qu’il tiendra. Ces 100m m’ont semblé tellement long en intensité !

Dix mètres, j’enlève ma tête et je lâche mon compagnon. Je le regarde passer la ligne.

Mon marathon de TOULOUSE 2018Je fais un geste pour ma mère, là-haut, comme d’habitude. Et je rattrape Stef. Un signe aux gens de la croix rouge qui l’assoit de suite. J’entends plus le bruit des gens qui nous applaudissent. Du speaker qui nous parle. Les gens nous regardent avec une lueur dans les yeux. Un truc de fou ! On a fini. J’ai presque sur le moment l’impression qu’on a couru toute la course ensemble.

Mon épouse m’appelle. Je la cherche dans la foule. Elle a le sourire et me demande si cela va. Oui ! Çà va ! J’ai pas mal. Je ne me sens pas fatigué… pour le moment.

Stéphane me remercie et je lui dis : viens on va chercher la médaille ensemble. Je lui tends la main et il me la prend de suite. Oubliés les gens de la croix rouge, le mur à 100 m de l’arrivée. Finishers !

Médaille autour du cou, on se prend dans les bras et après mille remerciements on se sépare dans le flot des finishers !

Les bénévoles sont avec le sourire et la bonne humeur aux petits soins pour nous. Ils me proposent de l’eau. « Ah non ! Je peux plus boire d’eau plate, j’en ai marre de l’eau plate ! J’en ai soupé ». Alors le bénévole me regarde et comme si nous étions au restaurant il m’indique tout ce qu’il a à me proposer. Oh purée ! Génial ! L’eau gazeuse et des boissons énergétiques feront mon bonheur. Mais mon bénévole revient et m’indique qu’il peut aussi me livrer en « victuailles fraiches et d’excellente qualité ». Énorme !!! Je prends de quoi me restaurer, même un peu trop et je retrouve mon épouse. Je la remercie pour son soutien et je tombe dans ses bras.

Quelques larmes coulent. Je ne pensais pas finir cette course. Y a encore quelques jours je ne pensais pas prendre le départ alors le finir ! Sans son aide cela aurait très difficile. Je sais aussi que j’ai dû lui faire avoir les pires pensées à lui dire que je faisais le marathon, de voir mes temps chuter doucement. Mais la rassurer sur la route a dû lui faire du bien.Mon marathon de TOULOUSE 2018Sur le chemin du retour à la voiture, nous voyons deux sdf qui demandent juste à manger. Je m’arrête et je leur donne mon ravitaillement pris en trop. J’ai eu droit à une couverture de survie à l’arrivée. Elle leur servira plus à eux qu’à moi. Quelques mots de remerciements et de courage et hop direction le métro.

Une fois assis la fatigue s’abat sur moi. L’adrénaline de l’arrivée s’enfuit, les muscles crient leur ras le bol… Un après marathon normal.

Pour ceux qui ne courent pas, cela va être difficile à comprendre, mais quel plaisir d’avoir pu courir cette course même si le manque d’entraînement s’est fait sentir. Quel plaisir d’avoir pu partager ce moment avec d’autres coureurs que je ne connais pas. Quelle joie d’avoir pu aider Stéphane qui souffrait bien plus que moi. Quelle joie de pouvoir vous raconter cela et quel joie de pouvoir le faire en essayant de faire connaître le combat des enfants et le manque de moyens de la recherche !

Cette « victoire » d’avoir de franchir la ligne malgré le peu d’entraînement, je la dédie à tous les enfants ! Car grâce à eux, à leurs forces, on doit se sentir plus fort ! Et nous sommes plus forts que nos petits problèmes !

Merci à vous, merci à mon épouse et mes enfants pour leur soutien, merci à Toulouse pour ces encouragements.

Stéphane si tu peux lire cet article, retapes toi bien.

Enfin, je n’oublie pas de vous dire… J’ai dit à mon président que j’étais arrivé 🙂

Mon marathon de TOULOUSE 2018

La Lautrecoise

Dimanche 14 Octobre avait lieu le trail de Lautrec. Au programme une course de 25km avec 1000 D+ et une autre de 12km avec 350 D+

Apres avoir récupérer le dossard et une grappe d’ail rose en cadeau je suis prête à prendre le départ. Eric lui court déjà depuis 45 min.
Au départ du 12km nous sommes 263 participants et 115 sur le 25km.
Une course très roulante et vallonnée, sous un beau soleil mais avec beaucoup de vent qui gêne quand il est de face!
Course qui se passe très bien pour moi avec une 3eme place féminine (trop contente), Eric content lui aussi avec sa 1ere place Féminine (oui oui c’est lui même qui la dit, notre président nous cacherait t’il des choses?)
Eric 2h38 48eme /115    9eme M2
Tatiana 1h08 /263    1ere S

Foulées Montredonnaise

C’est la der…

Ultime épreuve du challenge, avec pour la plupart des chiffres de participation qui oscillent entre 14-18

Les hostilités avaient commencé sur des terres inconnues (Bousquet/Orb) pour se prolonger vers le Pic de Nore, dans l’humidité, le froid, la neige…(Pas de tranchées tout de même..accessibilité ok)

A noter , le renfort dans ces contrées,  de troupes provenant des plaines de l’Hérault, de l’Aude, du pays cathare…

Au fil des mois, se dégage l’armée des mercenaires que l’on retrouvera tout au long de la campagne, sur tous les fronts; avec à noter une forte densité sur le front de l’est (Lacaune-Murat)

Mai-Juin seront les mois qui vont figer les positions, prolongés par Juillet et Aout qui va asseoir la suprématie des futurs vainqueurs et ainsi décourager une résistance, une révolte, prête à renverser l’ordre établi lors des dernières confrontations…

Les derniers bastions restent imprenables…Les plus affutés restent maître de la situation…(ils étaient remarquablement armés)

En ce jour de fin Septembre, la démobilisation s’effectue ,c’est la trève, en attendant les réjouissances (armistice) de Novembre (pas le 11 mais le 24) ou on va faire sauter les bouchons du côté de Labruguière (pas dans un wagon mais dans la salle de « La Fabrique »).

A l’occasion de cette dernière « Bataille du Chrono » on retrouve les fantassins et les grognards de la première heure, mélés aux dernières recrues; à savoir: Maxime Fabre-Anthony Dirinaldo-Guilhem Rouquette.

 

Résultats Foulées Montredon Labessonnié

 

5 Km  1 – Maxime FABRE           17’18 »                10 Km 1 – Romain BARTHES        37’19 »        voisins de la banlieue Lacaunaise : le muratais SOUCASSE Raymond  90 – 59’51 »

7 – Anthony DIRINALDO   20’34                           6 – Guilhem ROUQUETTE   38’54 »                                                           le vabrais   MOLINIE Christian      55 – 50’37 »

16 – Hugo FABRE               42’18 »

43 Participants                                                             42 – Marc FABRE                48’12 »

 

103 Participants

Challenge du Parc : exploits et faiblesses

Hugo Fabre, le frêle Hugo : c’est bien lui le plus fort : 8911 points, soit 300 points de plus que son poursuivant. À lui le jambon ! De Lacaune, of course. Hugo a bouclé 19 courses. Ramené aux 14 épreuves où il a engrangé le plus de points, Hugo est 7ème toutes catégories. Et second dans sa catégorie qui n’a d’espoir que le nom : le premier est le jeune Brassagais Romain Barthès, lauréat 2018 du trophée Portalier. Deux coureurs confirmés donc qui sont juste des …désespoirs pour leurs concurrents de tous âges.

Dans le sillage d’Hugo – c’est le monde à l’envers – car c’est son propre père Marc qui se distingue. Descendeur brillant voire kamikaze, avec 8086 points, Marc Fabre a terminé la plupart de ses 18 courses de l’an à quelques secondes de ses contemporains : tantôt André Tichadou, tantôt l’un des Guiraud de faction, tantôt l’épisodique Édouard Meiler… Souvent frustrant, car la tendance actuelle pour les organisateurs – baisse de budget ou souci de raccourcir les cérémonies protocolaires – est de ne récompenser que les premiers de catégorie. Ici la régularité et l’assiduité ont enfin payé : 1er M3, et 10ème au challenge.

Les deux Fabre sont les arbres qui cachent des friches. Si l’on découvre dans les classements et les nominés André Suc, son élan vers les cimes (4ème, 3ème puis 2ème) depuis qu’il est master 3, a été stoppé net. Seule satisfaction : il devance – enfin ! – l’ami Édouard Meiler de 300 points (et d’une course…). Placé 57ème toutes catégories en 7 courses, avec son cinquième rang en M3, une chose est sûre, s’il a trouvé un parachute, il n’est pas doré. Dans des catégories beaucoup plus fournies, signalons cependant avec satisfaction l’émergence de Jérémy Cazals : 23e senior et 78 e TC (toutes catégories) en 6 courses. Athlète récent, Jérémy pourrait s’ouvrir un bilan 2019 plus séduisant, s’il peut consacrer du loisir à participer à quelques épreuves de plus dans le territoire du Haut Languedoc. Enfin, après une saison 2017 de feu, Christophe Tichit est rentré dans le rang, assiduité moindre et légères avanies « mécaniques » obligent : 20e M1 et 100e TC, en 4 courses soit le minimum syndical.

Le minimum syndical… Les cadres du club connaissent : Éric Cambon est 12e M2 (64e TC) en 6 courses. Quant à son homologue trésorier, il a payé de sa personne mais sans plus : 4 courses. Avec des performances de moyenne facture, il termine 20e M2 (110e TC). Tous les mêmes ces patrons : ils n’ont de cesse de t’encourager, voire de t’oppresser pour que tu ailles au charbon. Tandis qu’eux, pendant ce temps, ils se pavanent au bord de leur piscine, ou dans leur salle de finesse avec Jacques aussi.

Derrière les Fabre, c’est le Barrol Raymond Soucasse qui a été le plus assidu : huit épreuves. Bingo, le M4 est premier de sa catégorie (et 52e TC).

Pour les quatre nominés (et leurs éventuels supporters), rendez-vous le samedi 24 novembre à Labruguière. Pour les autres qui ont couru deux ou trois épreuves (Maxime Fabre, Patrick Durand, Aurélie et Frédéric Joucla, Guilhem Rouquette, Francis Gil…) dites leur que « Vingt fois sur le métier, il faut remettre son ouvrage ».

100 km de Millau : la vie en direct et en couleurs

Là, faut sourire. Et se rapprocher du cycliste suiveur. D’abord Claude Bonnet. Puis Christophe Tichit. Quant à Éric Cambon, il a prévu le coup, au cas où la nuit tomberait plus vite que prévu : il nous fait tirer le portrait en fin d’après-midi dans le jardin public de St Affrique.

Quand même, des amateurs, ces suiveurs… Claude a un bidon de cycliste. Oui mais voilà, le sujet André Suc n’est pas cycliste, mais athlète (si,si).Résultat : pour avoir le quart d’eau (25 cl) réglementaire, il faut y passer trois minutes. Christophe a des fioles de 10 cl… tout juste bonnes à asperger les jambes. Enfin en creusant, il a nettement mieux : une bouteille de Salvetat, puis une autre d’1,5 litre. Bon, là, sans jouer les « originaux », on aurait fait avec moins. Mais ça oblige à une gymnastique : il doit prendre de l’avance avec son vélo à crécelle, avant de s’arrêter pour la tirer de son sac à dos. Éric, c’est le bouquet : il a juste une pipette à partager. Combien André regrette le temps de Claude Bousquet, employé aujourd’hui à le fête du chou de Nages. Ils avaient découpé à mi-hauteur un magnum, de façon à y insérer une bouteille courante de 50 cl. Le tout était introduit dans les poches latérales du sac à dos du cycliste. Résultat : le coureur n’avait qu’à tendre la main pour se servir. Et le suiveur pouvait s’arrêter faire le plein, dès qu’une des deux bouteilles étaient vides. Un procédé qu’André avait décrit à l’arrivée d’une de ses douze éditions, tant il lui semblait génial dans sa simplicité. Mais il n’était pas sûr que ni le commentateur ni le public ne l’aient compris. En tout cas, çette invention n’a toujours pas fait école. C’était il y a 15 ans ou plus… En 2018, l’entraînement a beau être plus consistant, de l’eau, avant d’arriver dans ces bidons, il en est passé sous les ponts.

« Je comprends ce que tu veux dire. » Enfin quelqu’un qui le comprend : c’est Christophe. Ils viennent d’aborder une longue ligne droite montante et plombée de soleil entre St Georges et St Rome. André, hors une paire de kilomètres du côté du Rozier, n’a eu aucune sensation positive jusque-là et vient de lui confier : « Ici, c’est terrible. » « Je comprends ce que tu veux dire » : la réponse qu’il fallait pour chasser toute idée d’abandon. Et éviter de répéter 2005. Tout le contraire d’aujourd’hui : à l’époque, il était dans un état de grâce, mais lucide, durant les trente premiers kilomètres. D’une facilité sans pareille. Autant en profiter : ce sera toujours des minutes ou des quarts d’heure de « matelas », si on rentre dans le dur. Et le « dur » est arrivé. Normalement ça passe au bout d’un quart d’heure ou de demi-heure. Cette fois-là une heure, deux heures un peu plus loin, il n’y avait toujours pas de répondant. Alors au bout de trois heures à se traîner, André avait bâché. Pour de bon : il était allé pleurer à chaudes larmes derrière ce bartas, pour que personne ne le voie. Pas même Claude le suiveur.

Un taiseux. Faut que je leur dise que je suis un taiseux. Bon c’est fait avec Francis Gil qui, avec une portion de journée devant lui, était descendu vers la Cresse pour accompagner jusqu’à Millau. Lui, ça compense, il est volubile. Je le glisse aussi à Claude et à Christophe. « Mais c’est normal, »qu’ils rassurent. Quant à Éric, il ne reste guère que la côte de Tiergues retour à avaler. Car tout est perdu : 11 h 30 s’il fait frais, 12 h 00 s’il fait chaud. Sauvons l’honneur : en terminant. Autant parler de « nos » courses respectives, encore fraîches. Plus jeune, la mort de Georges m’aurait hanté le jour et la nuit. Mais au contraire des coureurs des Foulées de St Jacques, je ne l’ai vu que vivant, voire bon vivant comme d’habitude. Et puis s’il était à Murat à cause de moi, que pouvons-nous, pauvres terriens, contre la force du destin ? Et les kilomètres passent avec arrêt une paire de minutes à tous les stands. Éric communique, par la voix ou les messages écrits, avec d’inconditionnels supporteurs. Quand il lâche le portable, il est aussi enjoué que Francis. Jusqu’aux gendarmes qu’il encense : « Merci d’être là ! » Histoire de ne pas les dégonfler, je laisse passer quelques mètres avant de tempérer : « Tu sais, Éric, en même temps ils sont payés pour ça… »

Un ultime objectif. C’est vrai qu’en parlant, la fuite du temps est moins monotone, moins ingrate. Il est neuf heures et demie : une petite idée derrière la tête se dégage. Ne pas s’arrêter de trop à St Georges. Mais il est où, ce foutu km 90 ? Non, à mon avis on ne l’a pas passé. Ah ! le voilà… Déjà dix heures moins le quart. Si j’arrive au rond-point Leclerc, et qu’il me reste 35 minutes, c’est jouable. Non, plutôt 40. C’est à peu près au km 95, et ça me ferait du huit minutes au kilo. Bon, on vient de parler avec Ricou des dix dernières bornes qu’il avait enchaînées ici-même à raison de cinq minutes au kilo. Et moi aussi dans un profil plat à Rognonas pour réussir les neuf heures, mais c’était il y a longtemps. Vingt-cinq ans déjà… Bizarre, je suis moins « cuit » quand je double. Embrayer toute la côte du viaduc en courant, mais sans excès : derrière il y a encore huit kilomètres. Bon après, c’est vrai, il y a du monde. Et des petits passages plus motivants que ces largeurs de Nationale. Enfin, le 95. « Va me chercher du sucre en morceaux. » Plus loin, Éric propose, les deux mains ouvertes : « Tu choisis, je t’ai aussi pris des pâtes de fruits. » Je rafle tout sans un mot. Seule compte la ligne d’arrivée !

PHOTOS DE Dédé: ICI

 

 

 

100 km de Millau (29-30 septembre 2018)

  1. Hervé Seitz en 7 h 19′ 06…. 392. Suc André en 12 h 55′ 00 (12ème M3 sur 1o2 arrivants et 152 inscrits)… 1017 arrivants.

Saint Baudille : entre ville et (cam)brousse

St Baudille, c’est la commune du Pont-de-l’Arn, autant dire les faubourgs de Mazamet. Pais si peu la banlieue… Bon, certes il y a un peu de route pour démarrer, mais bientôt l’on se retrouve dans les bois. Et pas de ceux que fréquentent les citadins, le dimanche après le repas familial : les ronces ne sont jamais bien loin.De surcroît l’équipe de la Mjc (l’organisateur) a cru bon de pimenter les derniers hectomètres en débroussaillant des sentes inédites. De façon à, dans leurs ressources faire puiser les athlètes. Ou les épuiser, c’est selon (mais les habitués des monts de l’Est du Tarn jugeront tout de même ces pentes digestes).

Mais tout se joue dans le premier kilomètre : le parcours emprunte un chemin de ferme. Dans les bâtiments agricoles, à deux mètres du souffle des coureurs, les vaches restent médusées derrière leur mangeoire, devant ce spectacle inédit. Quant au paysan qui ne voit de l’an personne s’égarer dans son univers reculé, que fait-il ? Insensible, il tourne les talons pour revenir en amont chercher une dernière brassée de foin. Comme il le fait dans un silence immobile les autres 365 jours… Dramatique indifférence ! Perso, je l’ai ressenti comme la vengeance d’un monde rural que trop souvent la société, c’est-à-dire les modes de vie dominants des citadins, réduisent à la portion congrue, sinon à néant. Et ce n’est pas sa femme, juchée sur son tracteur venant à notre rencontre qui m’a fait changer d’avis. Si elle a eu l’élégance de le mettre au point mort, j’ai eu, pour toute réaction à mon signe de la main, une attitude figée par la banquise. Sans réaction aucune, j’ai entendu (ou imaginé ?) qu’elle poussait un profond soupir stigmatisant la civilisation des loisirs et ses adeptes envahissants.

Pourtant, en l’espèce du respect des traditions, le club d’athlétisme avait bien joué le coup : les adultes étant allés se cabrer avec les mouflons (Combes, dans le massif du Caroux, Hérault), le club présentait ses meilleurs vieux. Avec, à leurs côtés, pour bien figurer le vide sidéral existant entre deux mondes, son meilleur espoir…

Les Monts de Saint Baudille

1. Romain Barthès (ES), les 12,5 km en 52’19….  11. Hugo Fabre (2ES) en 1h01’59… 31.Marc Fabre (2M3) en 1h06’57… 47.André Suc en 1h10’58. (101 arrivants)

 

Murat. Il était 10 h 07, le dimanche 16 septembre 2018

La course était bien lancée. Pour éviter une portion de route départementale, le parcours quitte le chemin de Saint Jacques pour se diriger vers le hameau du Cloutet. Après la traversée du lieu-dit, désert ce jour-là comme à l’ordinaire, le chemin devient plus étroit. Trois cent mètres plus loin (km 2,5), Jacques Thomas, l’ouvreur en vélo électrique, voit un homme couché sur le chemin. Dans le feu de l’action, croyant avoir affaire à un farceur, il lui intime : « Sortez-vous de là ! ».

Georges a les pieds sur la gauche du chemin, et est tombé moitié en arrière moitié sur son côté droit. Le cycliste, descendu de sa monture, voit vite, en se penchant sur le visage plutôt tourné vers la terre, l’urgence de la situation. Et c’est à demi-relevé qu’il fait signe à Benjamin Vidal, le jeune ouvreur en quad, de s’arrêter. Arrivent les premiers de la course, Maxime Durand en tête. Puis très rapidement le Lacaunais Nicolas Bremand qui fait s’écarter le petit groupe : « Je suis pompier ! ». Il déchire la chemise et pratique le massage cardiaque. Il a à ses côtés Guillaume Yeddou, pompier (volontaire) lui aussi à Lacaune. Tous les deux prennent la situation en main, et l’infirmière Juliette Bouisson, en course elle aussi, ne tardera pas à les rejoindre. Maxime Durand se tient la tête à deux mains. Quant à Éric Cambon, il s’écrie : « Mickaël, Mickaël ! », car il a cru reconnaître à son crâne dégarni un de ses amis qu’il côtoie en compétition. Par la suite, Georges étant plus ou moins masqué par les pompiers en action, nombre de sportifs, passant en trottant, ont pensé que c’était un des leurs qui avait été victime d’un malaise. Nicolas et Guillaume font pivoter un peu le corps, de façon à laisser un passage suffisant, car toutes ces présences sont devenues un poids. Le quad passe en s’appuyant sur un rocher du bord opposé et, à sa suite, les premiers trailers. Ils s’écartent un peu et le Muratais Lionel Gros, en accord avec sa douzaine de compagnons, conseille à tous de repartir dans la course.

Les services d’urgence sont alertés. Après le dernier concurrent, soit cinq à six minutes après le peloton de tête, Jean Roque conduit le quad fermeur avec, sur la partie arrière du siège, un des secouristes prévus dans l’organisation. L’infirmière Juliette ayant, sans réaction, approché son doigt de l’œil ouvert de Georges, sans doute tous ces professionnels mesurent le degré d’espérance. Mais ils se relaient pour effectuer les massages cardiaques. L’ambulance de Castres Sports Nautiques sera la première sur place, avec mise à disposition du matériel adapté. Quant aux pompiers, l’appel tombant au centre de régulation, ils devront composer avec un problème de géolocalisation, les obligeant à un retour en salle du Petit Train pour complément d’information. Alain Valette, médecin de garde (et des pompiers) est alerté. Il se trouve proche : à deux kilomètres environ, puisque c’est l’un des concurrents d’une épreuve annexe.

Avec le téléphone portable de Georges, il est retrouvé le numéro d’appel de la famille. En l’absence de moyens de l’écrire, ce numéro sera inscrit un peu à l’écart, dans la poussière du chemin. Avant qu’un des secours, ou l’un des gendarmes locaux, n’ait la lourde charge de la prévenir.

Après environ une demi-heure les trois premiers intervenants (Nicolas, Guillaume et Juliette), ayant fait leur devoir, décident de repartir en course. Le cycliste, qui venait d’apprendre la veille que son jeune couple de voisins venait de perdre en maternité la petite fille qu’ils attendaient, les imite quelques minutes plus tard. En appuyant comme jamais un homme de 73 ans n’appuya sur les manivelles.

Le jeudi suivant, pour matérialiser l’endroit précis où Georges termina son parcours, à trente mètres du chemin de Compostelle – parfois appelé « Champ de l’Étoile » (estella en patois) – l’organisateur de l’animation sportive a planté, avec Jacques Thomas, une croix de bois qui peut durer un cycle complet de saisons. Avec sur le transept, deux rameaux de fleurs dont le nom rappelle les travaux de la terre de cette époque. Ce sont des vendangeuses.

André Suc (sur le témoignage de Jacques Thomas et divers échanges)

La famille de Georges Jammes transmet à tous ceux qui se sont impliqués dans les secours ses remerciements les plus sincères.

Amis coureurs, le Comité d’animation de Murat vous félicite pour vos attitudes responsables, et pour vos initiatives adaptées dans ces circonstances si particulières.

Photos Murat

Photos Serge Nel.

 

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