Diagonale des fous 2018

Jeudi 18 octobre 22h , après 2 heures d’attente , c’est l’heure du départ. L’émotion est présente ( submergés par l’émotion, deux coureurs victimes de malaise ne prendront même pas le départ ) avec une ambiance de folie. Danses ,musiques et feux d’artifice ,tout est présent pour un départ inoubliable. Le public crie votre prénom lors de votre passage ,c’est énorme, ça donne des ailes mais pas trop quand même car il reste du chemin. Saint Pierre-Domaine Vidot 15km 660 d+ : une alternance de route et champs de canne à sucre ,ça monte gentiment et tout va bien . Sortie du  ravitaillement, la fraîcheur est déjà présente . Je me couvre avant d’avoir froid car je sais que le traditionnel bouchon arrive .Bingo !500 m plus loin ,il est là …1h en file indienne à supporter les flatulences des uns et des autres !! Va s’en suivre une longue montée ,entre forêts et pâturages,jusqu’au 40 ème km .Le jour se lève et nous offre de magnifiques paysages . Je vais pouvoir enfin attaquer la descente sur Mare à Boue . Je trouve un bon rythme sur un monotrace très étroit…tellement étroit que mon genou gauche est stoppé net par un rocher caché par de l’herbe…chute, entaille et très grosse douleur sur la rotule.Putain ,fait chier ! Je me pose 5 minutes , les premières foulées sont douloureuses mais ça repart . Je ne suis plus très concentré et 15 minutes plus tard je me tord la cheville gauche . Re fait chier , c’est la poisse ! Même scénario et je repars jusqu’à Mare à Boue. Je m’arrête direction l’infirmerie pour nettoyer cette plaie et faire un strap . Pour la plaie, ok rien de grave . Pour la cheville, c’est un peu plus compliqué. Un œdème s’est formé et le docteur n’est pas chaud pour me laisser continuer . Pas question, il n’est pas fou lui ..je vais pas arrêter au bout de 50km  !!! Après une heure d’attente  ,j’obtiens gain de cause et un joli strap. Comme j’ai encore de l’avance ,je décide de profiter  des lits de camps à disposition pour m’allonger une bonne heure. Je vais réussir à  dormir un bon 1/4 d’heure . Je repars frais comme un gardon vers le Coteau Kerveguen . Mare à Boue, ça porte vraiment bien son nom! Après une longue montée de 700 M d+ , je peux amorcer la terrible descente sur Cilaos….descente qui sera terrible d’ennui suite à un bouchon créé par un coureur refusant de laisser passer les autres . 14h , j’arrive enfin à Cilaos. Changement de vêtements, petit repas et je repars pour affronter le Col du Taïbit et ses innombrables marches. Il porte bien son nom lui aussi …arrêt obligatoire au sommet pour soulager mon entrejambe avec un peu de crème. Je pense déjà à la douche d’après course qui s’annonce douloureuse .Bref , je rentre dans Mafate  pour rejoindre Marla . Arrivée au ravito ,la deuxième nuit tombe … je me couvre ,je change les piles de la frontale et go.  Il est temps d’allumer  la frontale  ! Putain, c’est pas vrai !! Elle ne fonctionne plus !! Un coureur s’arrête, on change et rechange les piles ..rien à faire . Heureusement, il finit par me proposer sa frontale de secours ! Ouf !Merci Armand! La suite de la nuit sera très longue , mes genoux sont au supplice. Je n’arrive plus à courir . Je vais dormir un petit 1/4 heure, sur le bord d’un sentier ,pour oublier un peu la douleur .Puis direction Grand Place où j’arrive à 5h . Direction l’infirmerie, je ressors avec un strap à chaque genou…une vraie momie…verdict tendinite rotulienne. Pas grave ,c’est parti pour 1900m d’ascension et le sommet du Maïdo . Une ascension qui va très bien se passer , mes genoux me font beaucoup moins souffrir en montée. Une arrivée au sommet digne du tour de France, une ambiance qui motive pour la suite . Bon ,il reste encore 55km mais je sais ,sauf grosse défaillance, que je vais aller au bout .17h30 ,après 17km de descente ,je rejoins Sans Souci . J’attaque la troisième nuit .Première partie de nuit avec une portion jusqu’à La Possession qui me paraîtra interminable. C’est maintenant l’heure du chemin  des anglais jusqu’à La Grande Chaloupe. Je le savais , des kilomètres de pavés irréguliers où l’on a du mal à trouver l’équilibre . Ça  monte, ça  descend et ça demande surtout beaucoup de concentration. 5h30..151 km…Grande Chaloupe ,ça  sent bon la fin. Il ne reste plus que  13km 700m de d+ et 4,5km de descente sur La Redoute. Montée  jusqu’à  Colorado qui se passe plutôt bien malgré  un terrain gras . Dernier  pointage , je décide de courir cette dernière descente . J’arrive à trouver un bon rythme malheureusement freiner par une grosse averse en milieu de descente. Le terrain est trop glissant ,je suis obligé de ralentir. C’est pas le moment de se faire mal. Un peu plus bas le terrain est de nouveau praticable, j’entends la sono de La Redoute et je me remets à  courir. Le sourire aux lèvres, j’oublie toutes mes douleurs. Le moment tant rêvé  arrive , l’entrée sur le stade de La Redoute . J’appelle Sandrine qui m’a soutenu par téléphone tout au long de ses trois jours et je profite un maximum de ses derniers mètres de pur bonheur. Après 168.5km et 9600m de d+,je passe l’arche d’arrivée en 61h19min49s . Je récupère ma médaille, mon tee-shirt et pour la première fois de ma vie ,je vais verser une larme . Je suis finisher de La diagonale des fous .Merci à  ma femme, mes enfants, ma famille, mes amis et tout ceux qui m’ont soutenu. Fier d’avoir représenté le club et mon entreprise qui m’a sponsorisé. Je me douche , je mange, je retrouve Armand pour lui rendre sa frontale, je trouve un bienfaiteur pour me ramener à  100km  de là et je m’endors paisiblement sur le stade de La Redoute. Merci à tous!